Voici ci-dessous quelques extraits choisis de la première exhortation apostolique du pape Léon XIV : Dilexi te (je t’ai aimé) sur l’amour envers les pauvres (octobre 2025)

 

« Nous ne sommes pas dans le domaine de la bienfaisance, mais dans celui de la Révélation : le contact avec ceux qui n’ont ni pouvoir ni grandeur est une manière fondamentale de rencontrer le Seigneur de l’histoire. » (DT 5)

 

« « Heureux, vous les pauvres, car le Royaume de Dieu est à vous » (Lc 6, 20). Dieu montre en effet une prédilection pour les pauvres : c’est d’abord à eux que s’adresse la parole d’espérance et de libération du Seigneur et, par conséquent, même dans la pauvreté ou la faiblesse, personne ne doit plus se sentir abandonné. Et l’Église, si elle veut être celle du Christ, doit être l’Église des Béatitudes » (DT 21)

 

« Parmi les Pères orientaux, le prédicateur le plus ardent de la justice sociale fut peut-être saint Jean Chrysostome, archevêque de Constantinople entre le IVème et le Vème siècle. Dans ses homélies, il exhortait les fidèles à reconnaître le Christ dans les nécessiteux : « Veux-tu honorer le corps du Christ ? Ne le méprise pas lorsqu’il est nu et, pendant qu’ici tu l’honores par des étoffes de soie, ne le méprise pas à l’extérieur en le laissant souffrir le froid et la nudité […]. En effet, [le corps de Jésus-Christ qui est sur l’autel] n’a pas besoin de vêtements, mais d’une âme pure, au lieu que cet autre a besoin de beaucoup de soin. Apprenons donc à être sages et à honorer le Christ comme Il le veut lui-même. L’honneur le plus agréable à celui que nous voulons honorer, c’est l’honneur qu’il désire lui-même, non celui auquel nous pensons […]. Honore-le donc aussi de la manière qu’Il a établie, c’est-à-dire en donnant ses richesses à des pauvres. Dieu n’a pas besoin d’objets en or, mais d’âmes en or ». Affirmant avec une clarté cristalline que si les fidèles ne rencontrent pas le Christ dans les pauvres qui se trouvent à la porte, ils ne pourront pas non plus l’adorer sur l’autel, il poursuit : « À quoi lui sert une table pleine de coupes en or, tandis qu’il meurt de faim ? Commence par combler sa faim et, de ce qu’il restera, orne ensuite sa table ».  Il comprenait donc l’Eucharistie également comme l’expression sacramentelle de la charité et de la justice qui la précédent, qui l’accompagnent et qui doivent la prolonger, dans l’amour et l’attention aux pauvres. » (DT 41)

 

« François (d’Assise) n’a pas fondé une réalité de service social, mais une fraternité évangélique. Il a vu dans les pauvres des frères et des images vivantes du Seigneur. Sa mission était d’être avec eux, dans une solidarité qui dépassait les distances, dans un amour compatissant. Sa pauvreté était relationnelle : elle le conduisait à se faire proche, égal, voire inférieur. Sa sainteté germait de la conviction que l’on ne peut vraiment recevoir le Christ qu’en se donnant généreusement aux frères. » (DT 64)

 

« Pour la foi chrétienne, l’éducation des pauvres n’est pas une faveur, mais un devoir. Les petits ont droit à la connaissance, condition fondamentale pour la reconnaissance de la dignité humaine. Les enseigner, c’est affirmer leur valeur en leur donnant des outils pour transformer leur réalité. (DT 72)

 

« L’Église, comme une mère, marche avec ceux qui marchent. Là où le monde voit des menaces, elle voit des fils; là où l’on construit des murs, elle construit des ponts. Elle sait que son annonce de l’Évangile est crédible seulement lorsqu’elle se traduit en gestes de proximité et d’accueil ; et que dans tout migrant rejeté, le Christ lui-même frappe à la porte de la communauté. » (DT 75)

 

« On pourrait citer aussi saint Benoît Menni et les Sœurs Hospitalières du Sacré-Cœur de Jésus, aux côtés des personnes handicapées ; saint Charles de Foucauld dans les communautés du désert ; sainte Catherine Drexel auprès des groupes les plus défavorisés en Amérique du Nord ; sœur Emmanuelle avec les ramasseurs d’ordures dans le quartier d’Ezbet El Nakhl, au Caire ; et bien d’autres encore. Chacun, à sa manière, a découvert que les plus pauvres ne sont pas seulement objet de notre compassion, mais des maîtres d’Évangile. Il ne s’agit pas de “leur apporter” Dieu, mais de le rencontrer en eux. Tous ces exemples nous enseignent que servir les pauvres n’est pas un geste à faire du haut vers le bas, mais une rencontre entre égaux où le Christ est révélé et adoré. » (DT 79)

 

« La question qui revient est toujours la même : les moins pourvus ne sont-ils pas des personnes humaines ? Les faibles n’ont-ils pas la même dignité que nous ? Ceux qui sont nés avec moins de possibilités ont-ils moins de valeur en tant qu’êtres humains, doivent-ils se contenter de survivre ? La réponse que nous apportons à ces questions détermine la valeur de nos sociétés et donc notre avenir. Soit nous reconquérons notre dignité morale et spirituelle, soit nous tombons dans un puits d’immondices. » (DT 95)

 

« Et cela nous fait beaucoup de bien de découvrir que cette scène du bon Samaritain se répète encore aujourd’hui. Rappelons-nous une situation actuelle : « Quand je rencontre une personne dormant exposée aux intempéries, dans une nuit froide, je peux considérer que ce tas est un imprévu qui m’arrête, un délinquant désœuvré, un obstacle sur mon chemin, un aiguillon gênant pour ma conscience, un problème que doivent résoudre les hommes politiques, et peut-être même un déchet qui pollue l’espace public. Ou bien je peux réagir à partir de la foi et de la charité, et reconnaître en elle un être humain doté de la même dignité que moi, une créature infiniment aimée par le Père, une image de Dieu, un frère racheté par Jésus-Christ. C’est cela être chrétien ! Est-il possible de comprendre la sainteté en dehors de cette reconnaissance vivante de la dignité de tout être humain ? ». Que fit le bon Samaritain ? » (DT 106)

 

« Il convient de dire un dernier mot sur l’aumône, qui n’a pas bonne réputation aujourd’hui, souvent même parmi les croyants. Non seulement elle est rarement pratiquée, mais elle est parfois même méprisée. Je répète d’une part que l’aide la plus importante à une personne pauvre consiste à l’aider à trouver un bon travail, afin qu’elle puisse gagner sa vie de manière plus conforme à sa dignité en développant ses capacités et en offrant ses efforts personnels. Le fait est que « le manque de travail c’est beaucoup plus que le manque d’une source de revenus pour vivre. Le travail c’est aussi cela, mais il représente beaucoup, beaucoup plus. En travaillant, nous devenons davantage des personnes, notre humanité fleurit, les jeunes ne deviennent adultes qu’en travaillant. » (DT 115)

 

« L’amour et les convictions les plus profondes doivent être nourris, et cela se fait par des gestes. Rester dans le monde des idées et des discussions, sans gestes personnels, fréquents et sincères, sera la ruine de nos rêves les plus précieux. Pour cette simple raison, en tant que chrétiens, ne renonçons pas à l’aumône. Un geste qui peut être fait de différentes manières, et que nous pouvons essayer de faire de la manière la plus efficace possible, mais nous devons le faire. Et il vaudra toujours mieux faire quelque chose que ne rien faire. Dans tous les cas, cela touchera notre cœur. Ce ne sera pas la solution à la pauvreté dans le monde, qui doit être recherchée avec intelligence, lutte et engagement social. Mais nous avons besoin de nous exercer à l’aumône pour toucher la chair souffrante des pauvres. » (DT 119)

 

« une Église qui ne met pas de limites à l’amour, qui ne connaît pas d’ennemis à combattre, mais seulement des hommes et des femmes à aimer, est l’Église dont le monde a besoin aujourd’hui. » (DT 120)

 

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